De la stochasticité pour un corps sain…et bien plus

Titre curieux, non ?

Alors la stochasticité, c’est un terme pompeux utilisé entre autre par les statisticiens, économistes et économètres pour désigner les phénomènes aléatoires. Grosso modo. Bienvenue dans le domaine de la stochasticité, de l’aléatoire, de l’irrégularité, de l’inattendu, l’impondérable, l’imprévu…

Arthur de Vany est un personnage assez admirable. Economiste de formation, il s’est intéressé à bien d’autres domaines, pour en arriver à la paléonutrition. A 73 ans il en fait à peine 60, jugez donc :

Arthur de VanyArthur de VanyArthur de Vany

Honnêtement, qui ne souhaiterait pas devenir comme lui, une sorte de super grand-père ? Pour cela, il faut peut-être suivre son (sain) mode de vie, qu’il expose abondamment dans The New Evolution Diet paru l’an dernier.

Evidemment, il propose, pour cela, de suivre un alimentation inspirée par la paléodiète. Toutefois il met en garde : il ne s’agit pas de mimer les hommes des cavernes, mais comprendre ce qui est bon pour nous (la viande, les légumes, les fruits), et ce qui l’est beaucoup moins (les produits laitiers, les céréales, le sucre). En fait, ce n’est pas la partie de l’ouvrage qui m’a le plus fasciné, je dois dire que je commence à force, à connaître les codes du mouvement. L’alimentation qu’il recommande est naturellement appauvrie en glucides, mais il recommande de temps en temps des patates douces par exemple pour (re)nourrir les muscles en glycogène. Tout ça est assez connu, aucune surprise pour moi. En lien avec ce qui va suivre, j’ai retenu une idée intéressante : manger jusqu’à ce que votre corps vous dise stop – et pas plus -, et ne pas s’affoler si vos menus diffèrent caloriquement d’un jour à l’autre. Il semble prôner une alimentation en zigzag, votre comportement alimentaire doit s’adapter aux besoins du corps. Qui ne sont pas fixes dans le temps, bien sûr.

En fait l’alimentation n’est pas nécessairement la partie centrale du livre. Il aborde de manière intéressante l’activité physique. Je ne peux que résumer brièvement sa pensée, hélas, en quelques lignes. Pour lui, seules les activité intenses sont à long terme sur la santé. Le cardio, et surtout les longues séances de cardio comportent quelques points noirs si l’on veut être en bonne santé : il cite par exemple un excès de cortisol sécrété par le corps en cas de séance cardio. Le cortisol est une hormone liée au stress. Il cite d’autres susbstances nocives sécrétées par le corps, pour montrer que ce n’est pas une bonne manière de faire de l’exercice.

Pour lui rien ne vaut la musculation : des muscles plus puissants assurent une plus grande sensibilité à l’insuline, et un meilleur contrôle du glucose sanguin. Ce qui est universellement reconnu comme améliorant la santé et la perte de poids. Il recommande aussi de ne jamais faire 2 séances qui se ressemblent, de changer en permanence les exercices, de manière à travailler tout les muscles et de ne pas se reposer sur des automatismes. Mais surtout, il pense que nous sommes faits pour être de gros mangeurs paresseux, en relation avec notre nature de chasseurs-cueilleurs. C’est pourquoi les exercices ne doivent pas être quotidiens. Il faut laisser du repos au corps. Il suggère aussi, et c’est important, de ne pas programmer ses séances de manière métronome : oui il faut faire de l’exercice, mais ça doit rester un plaisir, et pas un sacerdoce. Ainsi on peut faire une séance la semaine 1 (au hasard le mercredi), quatre séances en semaine 2, cinq séances en semaine 3, et deux en semaine 4. En gros, son message, c’est « faites du sport assez souvent, mais de manière irrégulière ». Sans se prendre la tête si on n’y va pas un jour comme diraient les jeunes.

Toujours contre cette idée de la longue et fastidieuse course à pied, il prend le contrepied des bienpensants de l’activité physique qui prônent du cardio 3 fois par semaine de manière régulière pour perdre du poids. Il critique ouvertement les marathoniens pourvus d’un faible corps, peu musclés, développant au final peu de puissance, ce qui est pour lui, gage d’une mauvaise santé. Evidemment, il cite de jeunes marathoniens morts récemment au marathon de New-York, pour rappeler que ce n’est pas une épreuve anodine. Et surtout, la course à pied ne doit pas être ennuyeuse : il suggère de faire du fractionné moitié sprint, moitié marche à pied, dans des séances qui ne durent pas au delà de cinquante minutes. Le sprint est une activité plus ludique, enfantine, amusante, instinctive, il explique que le bonheur de faire du sport doit toujours primer.

Par contre, c’est un fervent supporter de la marche à pied, qu’il distingue de l’entraînement en soi. Il faut marcher tout les jours, c’est bon pour le moral, pour diminuer le stress, et faire de la récupération douce, si par exemple il y a eu entrainement la veille.

Aussi c’est un fervent militant du jeûne intermittent : sauter un repas, ou expérimenter la faim, n’est pas nécessairement une pratique nuisible, bien au contraire. Nos ancêtres devaient connaître la faim, ce qui les poussait à être plus efficaces pour chasser. Dans cet ordre d’idée, il recommande de manger une heure après la fin de l’entraînement, histoire de bénéficier pendant un moment de la hausse du métabolisme hérité de l’exercice physique.

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Mon avis personnel ? Quand je vois sont état, à son âge, je me dis que ses conseils lui ont plutôt réussi ! J’ai commencé à en mettre en pratique quelques-uns, surtout à propos du jeûne, et du fractionné sprint/marche à pied. Par contre, j’ai du mal encore à intégrer de l’aléatoire dans ma pratique de la musculation, c’est trop récent pour le moment, j’ai besoin d’une certaine régularité pour progresser sereinement. Plus tard je testerai.

Ce qui m’a plus c’est son éloge de la stochasticité, il se bat contre la routine, que cela soit au niveau de l’exercice physique ou de l’alimentation, je pense que c’est un des moteurs de sa vie. C’est en quelque sorte sa philosophie de vie. Ne rien programmer, raisonnablement fonctionner avec son instinct. Il est rejoint dans cette optique par le fameux Nicholas Nassim Taleb, auteur de «Le hasard sauvage, comment la chance nous trompe» et du «cygne noir : la puissance de l’imprévisible» dans une postface fort à propos. En fait, c’est Art de Vany lui-même dans une lettre qui lui demandait s’il mettait du kurtosis* dans son entrainement. Il avait écrit des ouvrages sur l’aléatoire, mais ne l’appliquait pas dans sa vie courante ! Il semble avoir changé et donne ses propres conseils comme par exemple changer occasionnellement de durée de sommeil.

Cette approche singulière de la vie me semble très positive, et empreinte d’une très grande liberté. Le fait de ne pas être certain de ce que l’on va faire, où la manière dont on va le faire, libère l’esprit. Cela requiert de lâcher prise. D’en finir également avec le stress que l’on s’auto-impose. Rompre raisonnablement avec le quotidien, les actes routiniers, la monotonie, se dépasser, est à mon humble avis une grande sagesse. C’est aussi réfléchir sur soi et sur sa condition physique et sur les moyens de s’améliorer : men sana in corpore sano. La paléodiète est bien à la mode, je ne serais pas surpris que cela (l’aléatoire) soit une prochaine piste étudiée par les biologistes, nutritionnistes et autres scientifiques dans le domaine de la santé.

Toutefois, je ne recommande pas ses conseils pour des gens obèses, où avec des troubles métaboliques. Il faut être un minimum sain (de corps !) pour mettre en pratique ses conseils. En effet, sauter un repas peut présenter des risques pour certaines catégories de personnes. De même entamer un sprint pour une personne de 45 ans qui n’a plus fait d’activité physique depuis ses 25 ans risque d’être un peu violent. Ce livre s’adresse ainsi à des personnes déjà en phase avec leur corps et désirant des conseils pour mieux évoluer. Il pousse la réflexion plus loin que les « Mange moins, bouge plus » habituels (« Eat Less, Move More »), et c’est rafraîchissant. Sa carrière est déjà derrière lui, il n’a rien à prouver, sinon que donner sa recette pour être en forme à son âge et sa philosophie. On pourrait se dire : « son testament ? ». Vu sa forme…je ne le pense pas.

*kurtosis : terme statistique assez barbare qui désigne l’aspect d’une série de valeurs. Si une série est aplatie, son kurtosis est faible, les valeurs sont régulières et proches de la moyenne, si la série présente un fort pic, il y a des valeurs qui s’écartent plus de la moyenne. Introduire du kurtosis revient dans ce cas, à introduire des choses inattendues, différentes, histoire de s’écarter la routine.

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